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La guerre oubliée du Yémen : impasse militaire, casse-tête politique et catastrophe humanitaire

Héau Lauriane Stiernon Christophe

En mars 2015, une coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis est entrée en guerre au Yémen. Elle entend combattre le mouvement politique armé Houthi, allié aux forces fidèles à l’ancien président yéménite Saleh pour ramener au pouvoir le président internationalement reconnu, Hadi. Souvent qualifié de guerre par procuration entre l’Arabie saoudite et l’Iran sur fond de tensions interconfessionnelles, le conflit au Yémen reflète en réalité une mosaïque de luttes de pouvoir et de tensions au niveau local ainsi que de multiples fractures dans la société yéménite. Héritages d’évènements récents et d’une histoire séculaire, ces fractures sont les braises sur lesquelles viennent aujourd’hui souffler les différents acteurs d’un conflit qui a pris une dimension internationale...

La Turquie après le putsch manqué : reconfiguration accélérée de l’exercice du pouvoir

Géhin Léo

La tentative de coup d’État qui s’est déroulée dans la nuit du 15 juillet 2016 en Turquie présente un caractère paradoxal. Bien qu’avortée, elle a mis fin à l’âge d’or du parti AKP qui, depuis 2002, exerçait le pouvoir sans discontinuer en s’appuyant sur une majorité solide, une popularité croissante, une politique économique efficace, et un rapport de force avec les autres acteurs de la vie politique qu’il tournait de plus en plus à son avantage. Toutefois, elle constitue également ce "cadeau de Dieu" qu’évoquait le président Erdogan, une opportunité historique qui doit permettre à l’AKP d’accélérer la transformation en profondeur des institutions, afin de faire émerger un système politique qui consacre son hégémonie à travers un déséquilibre des pouvoirs...

Turquie: l'indépendance de la justice en danger

Les purges en Turquie sont largement relayées et dénoncées par la presse internationale depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016. L’ampleur des atteintes portées au pilier de l’état de droit qu’est le système judiciaire a en effet de quoi interpeller : des procès éclairs en série, des motifs d’accusation obscurs et quelque 4 000 magistrats limogés par décret depuis le coup d’État avorté. Mais l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire turc ne date pas de juillet 2016, il est un enjeu de pouvoir visible entre forces politiques turques depuis une dizaine d’années. En effet, depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP, en 2002, l’évolution du système judiciaire est fonction des relations entre trois acteurs concurrents de l’échiquier politique : le mouvement religieux Hizmet de Fethullah Gülen...

Latin America, a new El Dorado for European arms exports?

Poitevin Cédric

Latin American countries are today in an exceptional situation where the defense budgets are being contracted and the missions of the armed forces reoriented towards issues of public security. This Analysis presents the evolution of military spending in these countries as well as arms acquisitions: who are the major importers, who are their main suppliers and what are the current trends? It is also examining the question of transfers of small arms and light weapons and their ammunition from the European Union Member States to this region.

Crédit photo : parachutistes mexicains (Master Sgt. Adam M. Stump/USAF/Wikimedia Commons)

 

«Robots tueurs»: encadrement ou interdiction?

Ce 13 novembre 2017, les Nations unies vont ouvrir des discussions officielles sur la problématique des «robots tueurs», avec la première réunion d’un groupe d’experts[1] dédié à ce sujet. Fin août déjà, une centaine de professionnels du secteur de la robotique et de l’intelligence artificielle, dont Elon Musk[2], signaient une lettre ouverte à l’ONU demandant une interdiction des armes létales autonomes.

The role of the US in Arms Transfers to Armed Groups in Syria

Berghezan Georges

Since 2012, weapons and ammunition have arrived massively to the many armed groups active in Syria, notably from the Balkans and passing through neighbouring countries which, like Saudi Arabia, claim to be the final recipients. Far from being just a case of unscrupulous exporters and importers ignoring the re-exporting ban, it appears that the United States is at the heart of these transfers.

Through two programs – the first implemented by the CIA for the benefit of opponents to the Damascus government; the second organized by the Pentagon to arm the opponents to Islamic State – the United States have indeed coordinated, facilitated and financed billions of dollars of arms purchases in third countries and supervised their transport to the Syrian rebel groups they wish to support. However, this flood of weapons has produced many unintended effects, including the supply of jihadist groups and fighting between factions armed, some by the CIA, others by the Pentagon.

Crédit photo : missile TOW américain utilisé par des combattants de l'Etat islamique

Balkan arms transfers to the Middle East and risks of diversion to armed groups

Berghezan Georges

Since 2011, small arms and light weapons flows from the Balkans to the Middle East have increased sharply. While Iraq remains logically the largest importer of Balkan weapons in the region, Saudi Arabia has also established itself as a major customer. Others, in particular Turkey, Jordan and the United Arab Emirates, have also greatly expanded their arms purchases. The main exporting country to the Middle East is by far Bulgaria, followed by Croatia, Bosnia and Herzegovina, and Serbia. The curve of their exports rises dramatically, with record sales in 2015 or 2016.

Yet, some of these weapons were diverted to diverse non-state armed groups operating in Syria, including "subsidiaries" of Al-Qaeda, and even Islamic State. The lax policy of the exporters is not alone to blame. These transfers are actually part of a strategy that goes well beyond the Balkan and the Middle East.

Photo credit: Serbian machine gun M02 Coyote used by a rebel in Syria (2016) - source: ARES (Armament Research Service) via Facebook.

Dépenses militaires, production et transferts d’armes - Compendium 2017

- Collectif, sous la direction de Fleurant Aude-Emmanuelle
Ce rapport présente une synthèse des principales tendances et statistiques relatives aux dépenses militaires mondiales, à la production et aux transferts internationaux d’armements conventionnels, sur la base des Fact Sheets et des bases de données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
En 2016, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1 666 milliards de dollars, soit 2,2% du produit intérieur brut mondial et environ 227 dollars par habitant...

Monitoring of regional Stability in the Sahel region and in West Africa – July to September 2017

Etienne Margaux

This quarterly monitoring, published by GRIP since 2011, aims to monitor the security situation in West Africa with a focus on Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinea, Mali, Niger and Senegal. It examines in particular broad internal security issues, regional tensions, and cross-border and transnational crimes.

Crédit photo : Casque bleu de la MINUSMA près de Gao (source : MINUSMA / Harandane Dicko)

Un Traité d’interdiction des armes nucléaires a été adopté

Le 7 juillet 2017, l’ambassadeur du Costa Rica, Madame Elayne Whyte Gómez, présidente de la conférence des Nations unies pour la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires, a annoncé l’adoption du Traité d’interdiction des armes nucléaires. Ainsi, 72 ans après sa première utilisation, l’arme nucléaire devient une arme illégale au regard du droit international, au même titre que les autres armes de destruction massive, biologiques et chimiques, respectivement interdites en 1972 et en 1993...

L’armée turque après le putsch: outil éreinté au service de la politique étrangère d’un régime consolidé

Géhin Léo

L’armée turque a subi la tentative de coup d’État de juillet 2016 et ses suites de plein fouet: secouée par des vagues de purges parmi ses cadres, privée de son indépendance par sa soumission au gouvernement civil, elle doit cependant maintenir des engagements cruciaux à l’intérieur et à l’extérieur du pays tout en s’adaptant à la posture internationale de plus en plus clivante qu’entend tenir le président Erdogan. Ainsi, l’outil militaire d’une politique étrangère de plus en plus vindicative ressort au contraire éreinté du processus de consolidation du pouvoir post-coup. Observant des déficits dans des secteurs essentiels à ses missions actuelles, comme les capacités aériennes et la planification stratégique, l’armée voit également la pérennité de son professionnalisme menacé par une baisse des exigences de recrutement et de formation et leur basculement vers des critères de loyauté politique plutôt que d’excellence militaire.

(Crédit photo: Turkish Soldiers - U.S. Navy photo by MC2 (SW) Christopher Hall)

Faut-il arrêter de vendre des armes à l’Arabie saoudite?

Se poser la question, c’est déjà y répondre tant les motifs pour suspendre les ventes d’armes au Royaume saoudien paraissent nombreux : bilan catastrophique en matière des droits de l’homme et répression violente de sa propre population ; des violations répétées du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme au Yémen ; financement et propagation d’une vision ultra-rigoriste de l’Islam ; et un soutien matériel et financier à des groupes armés non étatiques en Syrie et en Libye. Avec un tel tableau, il serait légitime de s’attendre à ce que le pays fasse l’objet de sanctions internationales sévères et soit confiné à la marge du système international...

Commerce des armes: un traité, mais à quand des transferts responsables?

Du 11 au 15 septembre 2017, Genève accueille la troisième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA. Dans la salle principale, des banderoles rappellent aux participants que le TCA est là pour promouvoir des transferts internationaux d’armes qui sont responsables. Du 11 au 15 septembre 2017, Genève accueille la troisième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA). Dans la salle principale, des banderoles rappellent aux participants que le TCA est là pour promouvoir des transferts internationaux d’armes qui sont responsables...

Le remplacement des F-16 belges : processus et enjeux

Jacqmin Denis
Achetés au milieu des années 1970, les 160 F-16 belges ont été intensivement utilisés, notamment dans les Balkans, en Afghanistan, ou plus récemment en Libye et en Irak. Facilement déployables, l’engagement de chasseurs-bombardiers s’avère également moins risqué que l’emploi des forces terrestres dans les conflits actuels et a joué un rôle de premier plan dans les opérations militaires belges de ces vingt dernières années.

Le remplacement des F-16 belges en dix points-clés

Ce 7 septembre 2017, les trois agences gouvernementales encore en compétition pour le remplacement des F-16 de la Composante air doivent remettre leurs propositions et réponses au cahier des charges émis par le gouvernement belge en mars dernier. Cet éclairage revient sur quelques questions importantes soulevées par cette première partie du processus de remplacement.

1. Quelques chiffres

La Belgique avait commandé un total de 160 F-16 en deux vagues d’achat (116 en 1975 et 44 en 1984). La fin de la Guerre froide et l’engagement des F-16 belges dans des missions expéditionnaires exigeantes ont poussé à réduire la flotte autour d’un petit nombre d’appareils modernisés. La Belgique en possède actuellement 54. Ces appareils ont été construits pour une durée de vie de 8 000 heures de vol, qui sera atteinte entre 2023 et 2028. Ces appareils seront progressivement remplacés par 34 nouveaux avions de combat avec une capacité pleinement opérationnelle prévue pour 2030...

 

Corée du Nord : Quelles options pour une nouvelle détente ?

Une fois n’est pas coutume, c’est par tweets interposés que le président américain Donald Trump semble vouloir résoudre la crise nord-coréenne. Le 8 août, il a promis au régime de Pyongyang « feu et colère » si ce dernier s’entêtait dans son programme balistique et nucléaire. La Corée du Nord a répondu en menaçant, avec une précision aussi inattendue qu’inquiétante, d’attaquer l’île de Guam, un territoire non incorporé des États-Unis dans le Pacifique. Le 11 août, Donald Trump se fendait d’un nouveau tweet avertissant Kim Jong-un que, s’il persistait dans ses mauvais choix, des solutions militaires étaient préparées, « locked and loaded »...

 

L'Angola entre continuité et incertitudes : les rêves suspendus d’une jeunesse en rupture

Cette dernière décennie, l’Angola s’est affirmée comme une puissance montante d’Afrique australe, affichant des taux de croissance économique parmi les plus élevés du monde. Cette montée en puissance, favorisée notamment par la fin d’une guerre civile longue de 27 années et par la demande exponentielle en ressources minières et pétrolières, s’accompagne cependant d’un contexte socio-économique fragile. La persistance des inégalités sociales, de pratiques autoritaires dans l’exercice du pouvoir, la concentration des richesses entre les mains de 5 % de la population, ainsi que les entraves à la liberté d’expression, sont à l’origine d’une contestation sociale balbutiante, portée depuis 2011 par une frange de la jeunesse urbaine en cours de mobilisation. Aussi, les élections générales angolaises du 23 août 2017, représentent à plus d’un titre un tournant historique, depuis les premières élections multipartites tenues en 1992...

Crédit photo : Nouveau siège de l'Assemblée nationale à Luanda, inauguré en 2015 (crédit : David Stanley  - avril 2015)
 
 

Les transferts d’armements de la région wallonne en 2016: synthèse du rapport annuel

Chaque année, le Gouvernement wallon doit soumettre à la sous-commission de contrôle des licences d'armes du Parlement wallon un rapport contenant les données relatives aux exportations, aux importations et aux transits d’armes civiles et de produits liés à la défense de, vers et par la Région wallonne[1]. Une fois le rapport soumis au Parlement, celui-ci est rendu public et accessible en ligne sur le site du Gouvernement wallon[2]. Le rapport relatif aux exportations de l’année 2016 a fuité dans la presse avant d’avoir été présenté au Parlement[3].

L’année 2016 est marquée par une baisse importante de la valeur des licences d’exportations d’armes octroyées par la Région wallonne, 453 millions d’euros, soit le montant le plus bas depuis 2005. En dix ans, la Région wallonne a autorisé pour plus de sept milliards d’euros d’exportations d’armements[4]. Les chiffres de ces dernières années confirment la place prépondérante du Moyen-Orient dans les exportations wallonnes ainsi qu’une forte dépendance des entreprises wallonnes envers des pays tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Pakistan. Les exportations vers des partenaires historiques comme les États-Unis, et dans une moindre mesure la France, sont quant à elles en forte baisse.

Rapports de la Région wallonne sur les exportations d’armes : Incomplets, trop rares et trop tardifs

Chaque année, le Gouvernement wallon doit soumettre un rapport à la sous-commission de contrôle des licences d'armes du Parlement wallon. Celui-ci contient les données relatives aux exportations, aux importations et aux transits d’armes civiles et de produits liés à la défense de, vers et par la Région wallonne. Une fois le rapport soumis au Parlement, il est rendu public et accessible en ligne sur le site du gouvernement wallon[1]. Le rapport relatif aux exportations de l’année 2016 a fuité dans la presse avant d’avoir été présenté au Parlement[2] (pour une analyse du rapport consulter l’Éclairage « Les transferts d’armements de la région wallonne en 2016 : synthèse du rapport annuel »). Si les rapports annuels de la Région wallonne contiennent des informations utiles, plusieurs améliorations sont nécessaires en matière de périodicité, de contenu et de lisibilité.

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