Groupe HERSTAL S.A. : L'heure des décisions

01 Mai 2000

La polémique autour de la vente de 500 pistolet-mitrailleurs P90 au Mexique – finalement annulée le 12 mai 2000 par le Mexique lui-même, las des tergiversations belges et froissé par les soupçons relatifs à l’utilisation potentielle de ces armes contre les rebelles de la province du Chiapas –  a ranimé avec force les questions relatives à l’avenir du Groupe HERSTAL, dont la Région wallonne est l’unique actionnaire depuis novembre 1997. Par ailleurs, le plan de redressement HERSTAL 2000 élaboré en 1997 n’a pas tenu toutes ses promesses. Deux ans et demi après la prise de contrôle – une opération de portage – du Groupe HERSTAL par la Région wallonne, et alors qu’en juin 2000 le Groupe en appelle une nouvelle fois aux pouvoirs publics et aux banques pour couvrir des besoins de trésorerie à hauteur de 800 millions, il apparaît clairement que le Groupe HERSTAL continue à connaître des difficultés structurelles qui hypothèquent fortement les possibilités de voir se manifester un repreneur potentiel.

L’incident mexicain aura été, une fois de plus, révélateur d’une profonde césure communautaire par rapport aux ventes d’armes, réveillant au Sud la conviction d’un complot flamand contre les intérêts économiques de la Wallonie et renvoyant l’image, fausse mais bien ancrée dans les esprits, du bon flamand pacifiste versus le cynique wallon marchand de mort.

Le GRIP estime qu’il est temps de sortir de cette confrontation manichéenne et réfute les attitudes simplistes qui consistent à se réjouir à chaque fois que FN Herstal perd un marché. Les lourdes conséquences sociales et économiques de ces événements imposent la recherche rapide d’une solution et exigent des réponses claires à un certain nombre de questions fondamentales : jusqu’où la Région wallonne est-elle en droit de « porter » à bout de bras des activités dont le futur est loin d'être garanti ? Peut-on encore produire des armes sur le sol wallon et à quelles conditions ? Comment évaluer les critères éthiques fixés par la loi relative aux exportations d’armes ? Et concrètement, quelles options choisir pour assurer l’avenir du personnel et du savoir-faire technologique du Groupe HERSTAL ?

Ce rapport du GRIP n’apporte pas une solution sur mesure. Il se veut seulement une contribution constructive à un débat que l’on ne pourra pas éternellement éluder : comment réconcilier les activités du Groupe HERSTAL – et des industries de l’armement en général – et les principes éthiques – actuellement au cœur de la politique étrangère de la Belgique – tout en préservant les intérêts de notre économie régionale et des travailleurs ?

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