27 Mars 2012
Depuis l’inauguration à Washington du premier sommet sur la sécurité nucléaire en 2010, l’accent est mis sur la prévention du terrorisme nucléaire qui représente « une des plus grandes menaces pour la sécurité internationale ». Cette conclusion part du constat qu’il existe, dans le monde, d’importants stocks d’uranium et de plutonium hautement enrichis, lesquels pourraient être détournés, volés et/ou vendus à des groupes criminels à des fins malveillantes. La lutte contre ces dangers passe ainsi par la réduction, voire l’élimination, de matières nucléaires susceptibles de servir à la fabrication d’une arme atomique ainsi que par la sécurisation des armes, matériels et installations nucléaires. Il s’agit également de travailler à la mise en œuvre d’un cadre de coopération multilatérale permettant d’accroitre la capacité des Etats à lutter contre la contrebande de matières nucléaires. La lutte contre la menace posée par le terrorisme nucléaire relève donc à la fois d’une responsabilité étatique et d’une responsabilité collective. Le 2ème sommet sur la sécurité nucléaire qui s’est tenu à Séoul les 26 et 27 mars 2012 a réuni plus de 53 délégations. Son objectif était avant tout de dresser un bilan des avancées réalisées par chacun des 47 Etats présents au sommet de Washington, mais également d’étendre la réflexion au terrorisme radiologique et d’émettre des propositions relatives à de nouvelles actions à entreprendre afin d’aller plus loin en matière de sécurité nucléaire internationale.
Un rapport de l’Arms Control Association et de Partnership for Global Security, sorti peu avant le sommet, constate que des progrès ont été réalisés et estime que 80% des 67 engagements pris en 2010 par 30 Etats ont été respectés. Concernant les textes internationaux, 42 des 47 participants présents au premier sommet ont ratifié la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et des installations nucléaires et 6 ont ratifié la Convention sur la répression des actes de terrorisme nucléaire. D’autres Etats ont renforcé leurs législations nationales à l’instar de la Malaisie qui a adopté, en avril 2010, une loi durcissant les contrôles des exportations et prévoyant des sanctions pénales pour les entreprises défaillantes en la matière. Certains Etats comme le Chili, le Mexique ou l’Ukraine ont éliminé leurs stocks d’uranium hautement enrichi, tandis que d’autres, comme le Kazakhstan, les ont sécurisés. La Russie a choisi, quant à elle, de mettre un terme à sa production de plutonium. Des protocoles d’accords ont été conclus entre certains Etats (le Vietnam et les Etats-Unis, par exemple) afin d’œuvrer à la conversion de réacteurs fonctionnant avec de l’uranium hautement enrichi en réacteurs fonctionnant avec de l’uranium appauvri. Par ailleurs, la Belgique, la Norvège, le Royaume-Uni, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie ont apporté de nouvelles contributions financières au Fond pour la sécurité nucléaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Enfin, de nouveaux centres d’excellence et de formation ont été ou vont être créés, notamment en Inde, en Chine, en République de Corée, en Italie et en France.
Bien qu’il y ait matière à se satisfaire des avancées enregistrées, quelques anomalies susceptibles de nuire à la portée de ces sommets demeurent : les dangers liés au terrorisme nucléaire nécessitent une constante attention qui ne devra pas se relâcher une fois que seront atteints tous les objectifs fixés en 2010. Il semble donc primordial que ces rendez-vous internationaux deviennent permanents afin de pérenniser les engagements. La perspective d’une conférence internationale sur la sécurité nucléaire en 2013 et celle d’un troisième sommet aux Pays-Bas en 2014 sont porteuses. Par ailleurs, les Etats doivent urgemment se pencher sur la question sensible –car touchant à la souveraineté de chacun– de l’harmonisation des règles de sécurité et de sécurisation des matériels et installations nucléaires : en effet, des mesures de sécurité et de sécurisation mises en place par chacun dépend la sécurité de tous. Enfin, il conviendrait d’établir un lien entre ces sommets et les actions entreprises en matière de non-prolifération nucléaire : ainsi que l’a souligné le chef de la diplomatie helvétique, M. Didier Burkhalter, « si l’on veut réellement améliorer la sécurité, il faut entreprendre tout ce qui est possible pour réduire les sources de ces [potentiels] actes [de terrorisme nucléaire et] aborder également la question fondamentale du désarmement nucléaire ».