Le Tchad : un hégémon aux pieds d’argile
Déjà reconnu pour sa contribution déterminante dans la lutte contre les djihadistes et groupes armés au nord du Mali, le Tchad a confirmé ses aspirations au leadership dans l’espace sahélien en s’appropriant la direction de la lutte contre les islamistes nigérians de Boko Haram, et en reléguant au second plan les géants nigérians et camerounais, pourtant nantis d’économies plus puissantes et plus diversifiées.
À l’instar d’autres puissances montantes de la sous-région, comme l’Angola ou le Rwanda, le Tchad adosse sa politique d’influence naissante sur deux leviers, la capacité de projection de son armée et le déploiement d’une diplomatie volontariste pour se positionner comme interlocuteur incontournable dans l’espace sahélien et en Afrique centrale.
Sa position stratégique, à la charnière des espaces géopolitiques et des systèmes de conflits (de la zone sahélo-saharienne à l’espace nilo-soudanais), sa stabilité relative – en dépit du caractère autoritaire de son régime politique –, ainsi que la qualité de ses forces armées, ont contribué à faire du Tchad, le pivot franco-américain d’une stratégie du contre-terrorisme dans la sous-région.