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La défense européenne après le Brexit: mieux vaut tard que jamais

Ce n’est pas la première fois que les leaders européens les plus en vue annoncent vouloir relancer la politique européenne de sécurité et de défense commune (PeSDC). Mais c’est la première fois qu’ils le font sans le Royaume-Uni. Aussi, dans le nouveau contexte posé par le choix britannique de quitter l’UE, les appels au rassemblement autour de cette politique résonnent incontestablement avec une tonalité différente.

Le Brexit ne devrait néanmoins pas créer trop d’illusions. S’il est aujourd’hui acté que la PeSDC ne pouvait progresser avec Londres à son bord, et que le nouveau contexte permet une relance, il ne faut pas oublier que lorsque les Britanniques partiront, l’alibi qu’ils ont longtemps incarné aux yeux de leurs partenaires pour justifier l’absence de progrès en matière de défense s’en ira avec eux.

Facteur de blocage, le Royaume-Uni est en effet loin de constituer le dernier obstacle pour relancer sérieusement la PeSDC. Les divergences de fond sur l’essence même de cette politique et sur ce qu’elle représente dans le cadre du processus d’intégration européenne demeurent importantes. Reste qu’une fois le divorce consommé, les « Continentaux » n’auront plus d’excuses. Ils seront dos au mur et devront avancer. Or, quoiqu’importantes, leurs divergences demeurent surmontables. Et elles pourraient l’être, en partie au moins, en activant la « coopération structurée permanente ».

De Genval au dialogue: dynamiques et crispations au sein de l’opposition en RDC

Alors que des manifestations convoquées les 19 et 20 septembre par l’opposition congolaise ont dégénéré en affrontements entre la police et les manifestants dans plusieurs villes du pays, et se sont soldées par la mort de plusieurs dizaines de personnes, un état des lieux de la dynamique de l’opposition congolaise semble indispensable. Ces manifestations entendaient dénoncer la non-convocation du corps électoral à l’échéance constitutionnelle du 19 septembre. Le moment est particulièrement critique pour la RDC, alors que le report des élections se précise et que le maintien en poste du président Kabila au-delà de la fin officielle de son mandat le 19 décembre a été autorisé par la cour constitutionnelle[1].

Le 1er septembre 2016 s’ouvrait enfin le dialogue national destiné à trouver un consensus pour l’organisation des élections (locales, présidentielles, législatives) à venir. Au moment de la convocation officielle du dialogue par le président Joseph Kabila, début 2016, seul l’UDPS, le parti de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, était prêt à s’entretenir avec le pouvoir. Le «G7», un groupe de sept partis auparavant membres de la majorité présidentielle et Moïse Katumbi,le très médiatique ex-gouverneur du Katanga, ainsi que la «Dynamique de l’opposition» constituée entre autres de l’UNC de Vital Kamerhe et du MLC dirigé par Eve Bazaïba, se refusaient quant à eux à dialoguer avec la majorité.

Putsch manqué en Turquie : entre fragilisation de l’État et renforcement du pouvoir

Le 15 juillet 2016 à 23h18, un groupe de militaires turcs baptisé « Conseil de la paix dans le pays » diffuse un message sur la chaîne publique TRT affirmant que l’armée a pris le contrôle de la Turquie pour sauver la démocratie. Avorté seulement quelques heures plus tard, le putsch révèle une fracture au sein de l’armée turque, puisqu’une frange importante des officiers supérieurs y aurait participé. Par conséquent, c’est d’abord elle qui en ressort affaiblie, par des purges considérables dans ses rangs et la perte de la surprenante indépendance dont elle bénéficiait jusque-là vis-à-vis du pouvoir civil. Les suites de la tentative de putsch pourraient également influencer les relations de la Turquie avec deux pays clés dans la gestion de son espace régional, la Russie et les États-Unis.

Crédit photo : des civils s’opposent au putsch en cours en montant sur un char utilisé par les rebelles
(source : jamiiforums)

Selon la version du gouvernement turc, ainsi que les premières analyses des observateurs, des officiers affiliés au mouvement religieux Hizmet de l’imam Fethullah Gulen auraient constitué la force motrice du coup d’État[1]. Toutefois, autour d’eux se seraient agglomérés des officiers kémalistes et laïcs. Certains militaires auraient également rejoint le coup en l’échange de garantie de promotion, d’autres sous la menace ou le chantage[2]. Enfin, un certain nombre de conscrits aurait été trompé par leurs supérieurs, qui leur auraient ordonné de se déployer, sous prétexte d’exercices ou même d’opérations contre le PKK[3].

L’Ukraine : une nouvelle source pour le trafic d’armes

Le 9 avril 2015, une patrouille de moniteurs de la mission d’observation de l’OSCE dans l’est de l’Ukraine s’arrête à Schastia, ville située sur la ligne de contact avec les séparatistes, en vue d’observer l’application du cessez-le-feu. Ils sont approchés par un soldat d’un bataillon de volontaires ukrainiens qui leur propose d’acheter une Kalachnikov AK-47S pour la modique somme de 500 dollars…[1] L’Ukraine est-elle devenue une source pour le trafic d’armes légères ? 

Crédit photo : un séparatiste pro-russe prend la pose au milieu d'armes prétendument saisies à des soldats ukrainiens, dans la ville de Horlivka dans l'oblast de Donetsk en mai 2014 (source :  ARES)

Traité sur le commerce des armes : la deuxième conférence des États parties

Du 22 au 26 août 2016 se déroulera à Genève la deuxième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (CSP2 ou Second Conference of States Parties). La conférence réunira les représentants des États parties, signataires et observateurs, les représentants d’organisations régionales et internationales, ainsi que les représentants de l’industrie, le tout sous le regard attentif des organisations de la société civile et des centres de recherche. Comme lors de la première conférence qui s’est tenue en août 2015 à Cancun, le GRIP sera présent à Genève afin de suivre les discussions qui devront porter principalement sur les progrès et les difficultés dans la mise en œuvre du Traité.

La Centrafrique est-elle prête pour une éventuelle levée de l’embargo sur les armes?

L’élection du nouveau président Faustin-Archange Touadéra le 14 février 2016 ainsi que le second tour des élections législatives en avril ont mis fin à plus de deux ans de transition politique en République centrafricaine (RCA). Contrairement à Catherine Samba-Panza, ancienne cheffe du gouvernement de transition, Touadéra dispose de l’ensemble des pouvoirs rattachés à la fonction présidentielle pour mener les nombreuses réformes dont le pays a besoin. Le nouveau chef d’État a rapidement pointé du doigt l’embargo sur les armes des Nations unies qui, selon lui, limite fortement les capacités des forces de sécurité nationales qui doivent faire face aux menaces des milices locales[1]. Au mois de janvier 2016, le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) a pourtant décidé de prolonger son embargo d’un an. Après la prise de fonction du nouveau gouvernement et face aux défis sécuritaires persistants, la question de savoir si la RCA est prête pour une éventuelle levée de l’embargo sur les armes en 2017 doit être posée.

(Photo: Trying out new Peacekeeping Uniforms - Wikimedia Commons)

Le casse-tête des transferts d’armes à la Libye

Le débat relatif aux dérogations possibles prévues par l’embargo sur les armes contre la Libye a été plutôt confus au cours des derniers mois, à l’image de la situation politico-militaire du pays. Le 16 mai 2016, lors d’une réunion internationale des pays dits « amis de la Libye », la communauté internationale semblait convaincue : le moment était venu pour elle d’autoriser des transferts militaires vers le fragile gouvernement de Fayez el-Sarraj imposé par l’ONU en mars 2016. Objectif : permettre aux nouvelles autorités libyennes de rétablir l’ordre et, surtout, de combattre le terrorisme.

(Photo: A Streit Group Typhoon mine-resistant ambush protected vehicle (MRAP) seized by Greek customs officials in the port of Piraeus. The vehicles were reportedly bound for Libya, in breach of a UN arms embargo against the country. In total 16 vehicles were seized, including eight Typhoons. Source: Greek Public Revenue office)

Depuis, cette idée a été temporairement remise de côté. Le cours récent des évènements semble avoir tout à coup rappelé aux « amis de la Libye » que le gouvernement d’accord national de Sarraj n’est pas encore en mesure de s’imposer face aux multiples milices maîtresses du terrain. Les risques de détournement demeurent trop grands.

La partie n’est cependant que remise, car l’idée d’envoyer des armes au gouvernement légitime libyen n’est en réalité pas nouvelle. Au contraire, elle est aussi vieille que la crise, qui a éclaté en 2011.

La défense européenne face au Brexit

Que ce soit vis-à-vis de l’Allemagne nazie, de l’Union soviétique ou… de l’intégration européenne, Winston Churchill a toujours su voir plus loin que ses contemporains. De manière vague et imprécise, certes, mais sincère néanmoins, il souhaitait que l’Europe continentale évolue à terme vers une véritable fédération. Il évoquera même le terme d’États-Unis d’Europe à ce propos. Car Churchill aimait l’Europe, et parlait volontiers de civilisation européenne, dont le nazisme constituait à ses yeux la négation.
Mais Winston Churchill ne pensait pas que le Royaume-Uni devait participer à ce processus d’intégration politique qu’il souhaitait pour le reste du continent. Sans doute voyait-il son pays comme un pont au milieu de l’Atlantique, reliant une Europe unie aux États-Unis, dans le cadre d’une relation transatlantique forte et solidaire. 
Même mort, Churchill continue à voir plus loin que les générations qui lui ont succédé. Car c’est bien ce chemin-là que l’Europe doit prendre à présent. L’UE ne doit pas adopter une attitude punitive vis-à-vis du Royaume-Uni, mais elle doit relancer, parallèlement, le processus d’intégration politique du Vieux Continent. En commençant par la politique étrangère, de sécurité et de défense commune, qui moisit dans les couloirs de Bruxelles depuis des années.
Européens et Britanniques sont destinés à rester côte à côte face aux grands défis sécuritaires internationaux. Mais pas nécessairement dans le cadre de l’UE, pas forcément dans ses structures.

Les missiles iraniens de la discorde

Le 9 mai 2016, un missile balistique d’une portée de 2 000 km est lancé par Téhéran[1]. Deux mois auparavant, un Qiam (d’une portée de 750 km) et un Ghadr-1 (d’une portée de 1 600 km) étaient testés par les Gardiens de la révolution. Depuis 2010, ce sont des dizaines de tirs d’essais qui ont été réalisés par la République islamique[2].
La légalité de ces tirs divise l’union éphémère des pays négociateurs du Plan d’action global conjoint (JCPOA) signé il y a près d’un an et met en lumière la présence de véritables enjeux de langage dans le texte de l’accord. La question de la survie du JCPOA se pose donc à mesure qu’augmentent les pressions internes et externes pesant sur les États-Unis.

La paix et la sécurité au sommet de l’UEMOA

Le 5 juin prochain se tiendra à Dakar le sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA). Parmi les sujets qui y seront abordés figure celui de la paix et de la sécurité dans l’espace UEMOA[1], en l’occurrence la problématique de la lutte contre le terrorisme, ainsi que 18  mesures potentielles en faveur de l’intégration régionale. Cela traduit un développement majeur dans le champ de compétences de l’UEMOA, une organisation à caractère essentiellement économique, et d’autant plus que d’autres organisations sous-régionales jouissent d’une expertise sur cette thématique. Certes, l’espace UEMOA est concerné par la menace terroriste, mais il faut qu’il veille à ce que le volet sécuritaire ne le détourne pas de sa vocation originelle.

(Crédit photo: Sputniktilt - Le siège local de l'UEMOA, à Ouagadougou, Burkina Faso)

Les embargos sur les armes, sanctions en faveur de la paix et la sécurité

Le Traité sur le commerce des armes (TCA), entré en vigueur en décembre 2014, rappelle aux États parties leurs obligations en matière de respect des embargos sur les armes : aucun État ne doit autoriser un transfert d’armes classiques en violation d’un embargo sur les armes des Nations unies. Le GRIP maintient à jour une base de données des embargos décidés depuis 2000, destinée aux autorités compétentes en matière d’octroi des licences d’exportation d’armes ainsi qu’à la société civile dans son ensemble, et qui vise à contribuer au respect des dispositions du TCA. Créée avec le soutien de la Région wallonne, cette base de données cherche à présenter un instantané le plus complet possible des mesures qui touchent un pays : utilisateurs et types d’équipements concernés, modalités d’exemptions et actes juridiques instaurant les mesures...

 

Dépenses militaires mondiales: l’arc oriental fourbit ses armes

Les dépenses militaires globales de la planète sont estimées à 1 676 milliards USD en 2015 (1 773 milliards aux prix et taux de change de 2014), selon les dernières données publiées par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) .
Cette somme représente une hausse d’environ 1% en termes réels par rapport à 2014. Elle est équivalente à 2,3% du produit intérieur brut mondial et à une moyenne d’environ 230 dollars par habitant.
Les États-Unis, avec des dépenses militaires de 596 milliards USD en 2015, dominent de loin tous les autres pays et représentent à eux seuls 35,6% du total mondial. Ils sont suivis par la Chine, dont les dépenses estimées à 215 milliards comptent pour 12,8% du total.
L’Arabie saoudite, dont les dépenses militaires ont doublé entre 2006 et 2015 et sont probablement sous-estimées selon le SIPRI, se hisse pour la première fois à la troisième place du classement et pèse 5,2% du total mondial (87 milliards).
La Russie est rétrogradée à la quatrième place principalement en raison de la chute du rouble, tandis que le Royaume-Uni, profitant d’un euro faible, se hisse devant la France, elle-même dépassée par l’Inde, qui occupe la sixième place en 2015.  
Le Top 10 des pays les plus dépensiers pour leur effort militaire est complété par le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud, dont les dépenses militaires représentent respectivement de 2,4% à 2,2% du total mondial.

Une tendance ininterrompue à la hausse

Il s’agit de la première hausse après trois années consécutives de diminution depuis 2011. La crise des finances publiques et la fin de la Guerre froide avaient amené les dépenses militaires à leur niveau le plus bas en 1998, année à partir de laquelle elles ont recommencé à croitre sans discontinuer jusqu’en 2011.

Union européenne: plus d’exportations d’armes, moins de transparence?

2014 a vu une explosion des autorisations d’exportation d’armes vers le Moyen-Orient par les États membres de l’UE. Cette région absorbe désormais le tiers du montant total des licences d’exportations accordées. Les données récemment rendues publiques mettent aussi en évidence le manque de lisibilité des chiffres de certains pays. Il devient dès lors aujourd’hui de plus en plus difficile d’évaluer de manière adéquate les exportations des États membres, ainsi que le respect de leurs engagements nationaux et internationaux en la matière.

Les limites de la transparence

Le rapport sur les exportations d’armes des États membres de l’UE pour 2014, comme les précédents, n’a pu établir le total des livraisons d’armes effectives cette année, puisque sept États n’ont communiqué aucune donnée à ce sujet (Allemagne, Belgique, Danemark, Grèce, Irlande, Pologne et Royaume-Uni)[1]. À noter également que ne sont disponibles en intégralité que les montants des licences octroyées, lesquels peuvent différer sensiblement de la valeur de l’exportation effective.

La Maprobu : défis d’un déploiement des forces de l’UA au Burundi

Le Burundi traverse une crise politique majeure depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de solliciter un troisième mandat début avril 2015. Selon l’ONU, au moins 400 personnes ont été tuées et 220 000 autres ont trouvé refuge dans les pays voisins entre avril et décembre 2015[1]. Dès le début de cette crise, l’Union africaine (UA) a exprimé sa détermination à assumer pleinement ses responsabilités, en tant que garante de l'Accord de paix et de réconciliation d'Arusha (2000), dont le but est de garantir la paix et la démocratie au Burundi[2]. À plusieurs reprises, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a rappelé sa préoccupation face aux menaces sérieuses que la situation faisait peser sur la paix et la sécurité au Burundi, mais aussi pour les implications graves qu’elle pouvait avoir sur la région. À la suite de la recrudescence des violences en novembre et en décembre 215, le CPS avait voté le 17 décembre l’envoi d’une force de 5 000 hommes, sous le nom de Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU)[3], dans le but de restaurer la stabilité et l’État de droit dans le pays.

Katanga: le calme avant la tempête?

2016, année de tous les dangers en RDC ? C’est en effet en novembre que sont prévues des élections, notamment présidentielles, au sujet desquelles de grands doutes subsistent : d’abord sur leur tenue effective, ensuite sur la candidature du président Kabila.

Qu’elles aient lieu avec la participation de Joseph Kabila, malgré la Constitution qui interdit un troisième mandat consécutif, ou – scénario le plus probable – qu’elles soient reportées sine die, par exemple sous prétexte de difficultés budgétaires, des troubles graves sont prévisibles dans plusieurs régions du pays.

D’abord à Kinshasa, mégapole de plus de dix millions d’habitants et un des fiefs de l’opposition au kabilisme, où nul n’a oublié la sanglante répression des manifestations de janvier 2015, en réaction à l’intention du Parlement – finalement abandonnée sous la pression de la rue – de changer la Constitution pour autoriser ce troisième mandat.

Ensuite, au Kivu, en particulier à Goma et à Bukavu, où la popularité du président est en chute libre depuis plusieurs années, d’une part parce que la population ne profite nullement de la croissance économique du pays (8,9 % en 2014) et, d’autre part, parce qu’elle continue à payer le prix d’une profonde insécurité. Cette insécurité est particulièrement vive dans les campagnes du Nord-Kivu, en proie à des dizaines de groupes armés, congolais et étrangers, s’en prenant essentiellement aux civils.

Le défi katangais

Mais l’avenir de Joseph Kabila passe aussi par le Katanga, fief familial et politique où plusieurs alliés de poids du régime ont ouvertement rompu avec le parti au pouvoir, en particulier Moïse Katumbi, gouverneur de la province jusqu’à son démantèlement en juin 2015.

Le Conseil de Coopération du Golfe: un acteur central mais fragile

Alors que les monarchies du Golfe sont sous les feux des projecteurs au Yémen, quel est le rôle joué par l’organisme dans lequel elles sont regroupées – le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) – dans la sécurité régionale ?

En regroupant les États d’Arabie saoudite, du Bahreïn, des Émirats arabes unis, du Koweït, du Qatar et de l’Oman, le CCG s’affirme comme un acteur central de la région tant au niveau de sa portée géographique que du niveau des dépenses militaires de ses membres, qui ont constitué plus de 50% du total de la région moyen-orientale ces cinq dernières années[1].

Créé en 1981 par six États du Golfe soucieux de se regrouper pour équilibrer les deux grandes puissances alors en guerre, Iran et Irak, le Conseil de Coopération du Golfe est dirigé par un Conseil suprême, réunissant les chefs d’État annuellement[2]. Il détermine la politique générale en vue de renforcer la coopération dans tous les domaines et progresser sur la voie d’une « unité » des États, qui passe d’abord par leur sécurité.

Néanmoins, le CCG reste marqué par un déséquilibre entre membres, avant tout démographique et militaire, en faveur de l’Arabie saoudite qui utilise ainsi le Conseil comme vecteur d’influence de sa propre politique étrangère. (Crédit photo: www.totalwartv.com)

Ventes d’armes à l’Arabie saoudite: complicité de crime de guerre?

Un gouvernement qui vend des armes à – et soutient militairement – l’Arabie saoudite se rend‑il coupable de crime de guerre au Yémen ? La question se pose sérieusement aujourd’hui dans plusieurs pays occidentaux, à l’heure où l’Arabie saoudite est impliquée dans un conflit armé[1].

Accusée de violations flagrantes des droits de l’homme et du droit international humanitaire au Yémen, la monarchie saoudienne peut néanmoins compter sur un flot continu d’armes occidentales. Son appétit pour des armements (ultra)modernes « Made in Europe » et « Made in USA » ne semble pas diminuer. Elle en achète à tour de bras, pour des dizaines de milliards de dollars, et ce, depuis des années. Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), le pays, qui compte à peine 30 millions d’habitants, est aujourd’hui le deuxième plus gros importateur d’armements majeurs au monde, avec des importations qui ont triplé sur cinq ans. Et avec 2 747 USD par tête en 2014, l’Arabie saoudite est le pays dont les dépenses militaires par habitant sont les plus importantes au monde. À titre de comparaison, les États-Unis ne dépensent « que » 1 912 USD par habitant (la moyenne, au sein de l’UE, est de 414 USD).

(Photo: Cockerill CT-CV 105HP. Canons gros calibre de fabrication wallonne qui équiperont des véhicules blindés canadiens destinés à la Garde nationale saoudienne. Source: CMI)

(PDF téléchargeable au bas de l'article)

Herstal : le piège de la privatisation

Vieille dame fêtant cette année son 127e anniversaire, la FN Herstal doit-elle s'attendre à un nouveau virage dans son histoire déjà mouvementée ? C'est possible, selon les informations diffusées ces derniers jours concernant un projet de rachat par un groupe d'investisseurs franco-américains. Mais une privatisation, même partielle, est-elle réellement souhaitable ? L’histoire et la nature du groupe ne plaide pas en ce sens.

Liégeoise, envers et contre tout

Créée en 1889 par des armuriers liégeois pour répondre à une commande de 150.000 fusils Mauser pour l'armée belge, la Fabrique nationale de Herstal restera quelques années sous le contrôle de l'Allemand Mauser avant de passer dans le giron de la Société Générale de Belgique après la Première Guerre mondiale[i].

Dans les années 1970, les nombreuses diversifications et acquisitions, notamment aux États-Unis, en feront le « Groupe FN » avec un premier bilan consolidé au 31 décembre 1978. Mais les difficultés ne tarderont pas, entrainant en 1989 la cession de la division aéronautique FN Moteurs (l'actuelle Techspace Aero) au motoriste français SNECMA et, l'année suivante, le retrait de la Société Générale de Belgique au profit du groupe Giat Industries, une entreprise de droit privé à capitaux publics détenue à 100% par le ministère français de la Défense. Le 31 décembre 1990, Giat Industries prenait le contrôle de 92% du Groupe FN, renommé Herstal S.A., tandis que la Région wallonne en conservait 8% seulement, mais avec un droit de veto sur les décisions stratégiques.

Les transferts d’armements de la Région wallonne en 2014. Synthèse du rapport annuel

L’année 2014 a vu les exportations wallonnes exploser et atteindre un nouveau record sur les dix dernières années, tandis que l’Arabie saoudite maintient sa place de client privilégié de la Région. Cet Éclairage fait une synthèse des principales informations sur les licences octroyées par le gouvernement wallon en 2014, ainsi que les destinations des armements produits en Wallonie.
En 2014, le montant total des licences d'exportations approuvées par le gouvernement wallon a atteint 4 306 299 198 EUR, soit une augmentation de 838 % par rapport à 2013 et un total plus de quatre fois supérieur au précédent pic de 2009. Il s’agit d’une nette rupture par rapport à la moyenne de la période 2004-2013. À elle seule, la valeur des licences accordées en 2014 représentent près de la moitié (42 %) du total de la valeur des licences accordées entre 2003 et 2014 . Seules trois licences d'exportations ont été refusées en 2014, portant sur trois destinations différentes à savoir le Kosovo, la Turquie et le Venezuela.
Quelque 444 licences d'importations ont été octroyées en 2014 pour un montant de 109 269 724 EUR, ainsi que 30 licences de transit représentant un total de 92 941 346 EUR. Aucune demande de licence d'importation ou de transit n'a fait l'objet d'un refus en 2014.
Crédit Photo: GDLS Canada
 
 

Une Bosnie sinistrée vingt ans après Dayton

Le 21 novembre 1995, un accord conclu sur la base étatsunienne de Dayton (Ohio) mettait fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine. Vingt ans plus tard, si le pays a quasiment disparu des écrans des téléviseurs, il continue à vivoter dans le moule de l’accord, officiellement signé le 14 décembre à Paris.

Une des particularités de l’accord de Dayton est qu’il n’a pas été conclu par les trois factions qui se sont âprement combattues pendant trois années et demie. Si le président internationalement reconnu du pays, le Bosniaque Alija Izetbegović, l’a bien signé au nom de sa communauté, les Serbes et Croates bosniens ont été représentés par les présidents de deux pays voisins – certes impliqués dans le conflit – le Serbe Slobodan Milošević et le Croate Franjo Tudjman.

Crédit photo : Slobodan Milosevic, Alija Izetbegović et Franjo Tudjman (source : Jan Underwood/Dayton Daily News)

 

COP 21, ENMOD et le 6 novembre : la paix et la guerre pour enjeux

En 2001, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution proclamant le 6 novembre « Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé ». À la veille de la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ou COP21, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre 2015 sur le site de Paris-Le Bourget, cette célébration du 6 novembre est une belle occasion d’évoquer ce dont COP 21 ne parlera justement pas : l’impact des forces armées sur le changement climatique, en temps de paix comme en temps de guerre.

L’objectif de cet article n’est pas de démontrer pourquoi la militarisation galopante de notre planète est une cause majeure de la détérioration de nos écosystèmes. Ni de rappeler cette évidence que la guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur l’environnement. Pas plus que de nous interroger sur les raisons de la non-prise en compte de l’empreinte écologique des activités militaires[1]. En cette journée particulière, il est de rappeler que l’environnement, toujours victime collatérale des conflits et activités militaires, peut aussi devenir une arme en soi, et qu’il est urgent de nous préoccuper des instruments de droit qui s’attachent à prévenir ce risque.

La guerre, le droit et l’environnement

Le droit international humanitaire dispose de deux instruments principaux pour veiller spécifiquement à la protection de l'environnement en situation d'hostilités.  

L’accord sur le nucléaire iranien : décryptage

Ça y est, depuis la "date d’adoption" le 18 octobre 2015, l’accord sur le dossier nucléaire iranien est officiellement sur les rails. Mais ce document d’une centaine de pages peut se révéler un véritable casse-tête pour les non-initiés. Tentative de décryptage d’un accord complexe aux implications profondes et multiples pour le Moyen-Orient et la non-prolifération nucléaire...

Iran : quel avenir pour l’embargo sur les armes?

Le 14 juillet 2015, la République islamique d'Iran a conclu un accord sur la question du nucléaire avec le groupe E3/UE+3 (la Chine, les États-Unis et la Russie ; l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, avec la Haute Représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité), mettant fin à plus de dix ans de négociations. Cet accord historique ouvre la voie à une levée de l’embargo des Nations unies sur les armes qui touche l’Iran. Dans le cadre de ce plan d'action global conjoint, l’Iran accepte de limiter sur le long terme son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions internationales qui frappent le pays...

Crédit photo: Licence Creative Commons / Iran Military Forum 

RDC : Filimbi, la nouvelle génération de citoyens qui ébranle le pouvoir

Décidée à faire entendre sa voix, la jeunesse africaine est en ébullition. Aux quatre coins du continent, des mouvements citoyens parviennent à embraser la société civile, jusqu’à faire tomber des pouvoirs en place. Symboles d’une nouvelle génération, leur leitmotiv est celui du respect de l’alternance démocratique, comme pilier de la démocratie. En 2012, "Y’en a marre" au Sénégal avait craqué l'allumette en s’engageant contre une troisième candidature du président Abdoulaye Wade. Deux ans plus tard, c’était au tour du "Balai citoyen" burkinabè de prendre part au soulèvement populaire qui a chassé le président Blaise Compaoré, après 27 ans au pouvoir...

Crédit photo: logo du collectif congolais Filimbi (sifflet en swahili)

Réfugiés burundais : des risques sécuritaires et fonciers pour la région

Depuis l’investiture de Pierre Nkurunziza comme candidat à l’élection présidentielle du parti CNDD-FDD le 25 avril dernier, le Burundi connait une spirale de violences caractérisées notamment par la tentative de renversement du pouvoir, la fermeture voire la destruction des médias privés, les manifestations souvent violemment réprimées, les enlèvements, les arrestations et les assassinats des manifestants de tous bords. Ce lot de violences a obligé près de 180 000 Burundais (selon les chiffres du 30 juillet de l’UNHCR) à s’exiler principalement dans trois pays voisins : à savoir la RDC, le Rwanda et la Tanzanie...

Crédit photo: engorgement de réfugiés à Kagunga, localité tanzanienne située près de la frontière burundaise,  sur les rives du lac Tanganyika (source: CICR/L. Kamau)

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