Publications

L’Organisation Badr en Irak : l’ancrage étatique d’une milice pro-iranienne

Le 9 décembre 2017, le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi annonçait la défaite de l’État islamique (EI), après trois ans de conflit en Irak et en Syrie. Si la contribution des milices chiites dans la chute du califat est indéniable, les exactions commises par ces groupes armés au cours de leur lutte restent fortement décriées. L’instrumentalisation de certaines milices par l’Iran suscite également de nombreuses inquiétudes, principalement à l’heure de la reconstruction. Au cœur des préoccupations figure notamment l’Organisation Badr. Cette milice chiite, l’une des plus puissantes en Irak, revendique ouvertement son allégeance à Téhéran tout en disposant d’une implantation significative au sein de l’appareil politique irakien. Cette singularité lui permet ainsi d’opérer dans une  véritable « zone grise »[1], dont l’autonomie ne cesse de croître. Au vu de son antériorité mais surtout de sa participation au conflit contre l’EI, dans quelle mesure l’Organisation Badr est-elle susceptible de déstabiliser l’Irak post-conflit ?

RCA: difficile politique d’apaisement. La justice transitionnelle menacée?

Malgré la signature de plusieurs accords politiques depuis 2016, les groupes armés omniprésents dans douze des quatorze provinces de la République centrafricaine (RCA) poursuivent leurs exactions. Depuis début 2017, un nouveau cycle de violences communautaires et confessionnelles, rappelle celui de 2013-2014.

La mission EUNAFVOR MED Libye: des critiques justifiées?

Le 19 avril 2015 a marqué un tournant dans la position adoptée par l’Union européenne (UE) vis-à-vis de ce qui est désigné aujourd’hui comme la "crise méditerranéenne" ou la "crise migratoire". Ce jour-là, un bateau contenant environ 700 migrants au départ des côtes libyennes chavire près de l’île italienne de Lampedusa, causant la mort d’au moins 400 d’entre eux. Cette tragédie largement médiatisée rend soudain manifeste l’augmentation des flux migratoires illégaux à travers la Méditerranée, ainsi que le juteux trafic de migrants qui s’y greffe. L’intérêt particulier de l’Europe envers la Libye découle précisément de ces deux phénomènes complexes, tous deux causés par la guerre civile et l’instabilité politique qui règne dans le pays depuis 2011...

Est du Congo: à qui profite la prolifération des groupes armés?

Plus que jamais, les milices et groupes armés pullulent en République démocratique du Congo (RDC). Des régions jusque-là épargnées sont touchées, et tout particulièrement le Kasaï, mais la violence et l’insécurité – déjà omniprésentes depuis plus de deux décennies – sont en pleine recrudescence dans l’est du pays.

La défense européenne, entre Doctor FED & Mister PESCO

Les États membres de l’Union européenne (UE) sont persévérants. Depuis près d’un an, ils clament vouloir relancer la Politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC), qu’ils avaient créée en 1999 sans toutefois avoir l’intention de la faire fonctionner sérieusement. Le contexte sécuritaire international se faisant plus pressant, ils ont décidé de la remettre en ordre de marche, d’autant plus que leur principal bouc-émissaire en la matière, le Royaume-Uni, s’apprête à tirer sa révérence...

Turquie: l'indépendance de la justice en danger

Les purges en Turquie sont largement relayées et dénoncées par la presse internationale depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016. L’ampleur des atteintes portées au pilier de l’état de droit qu’est le système judiciaire a en effet de quoi interpeller : des procès éclairs en série, des motifs d’accusation obscurs et quelque 4 000 magistrats limogés par décret depuis le coup d’État avorté. Mais l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire turc ne date pas de juillet 2016, il est un enjeu de pouvoir visible entre forces politiques turques depuis une dizaine d’années. En effet, depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP, en 2002, l’évolution du système judiciaire est fonction des relations entre trois acteurs concurrents de l’échiquier politique : le mouvement religieux Hizmet de Fethullah Gülen...

«Robots tueurs»: encadrement ou interdiction?

Ce 13 novembre 2017, les Nations unies vont ouvrir des discussions officielles sur la problématique des «robots tueurs», avec la première réunion d’un groupe d’experts[1] dédié à ce sujet. Fin août déjà, une centaine de professionnels du secteur de la robotique et de l’intelligence artificielle, dont Elon Musk[2], signaient une lettre ouverte à l’ONU demandant une interdiction des armes létales autonomes.

Un Traité d’interdiction des armes nucléaires a été adopté

Le 7 juillet 2017, l’ambassadeur du Costa Rica, Madame Elayne Whyte Gómez, présidente de la conférence des Nations unies pour la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires, a annoncé l’adoption du Traité d’interdiction des armes nucléaires. Ainsi, 72 ans après sa première utilisation, l’arme nucléaire devient une arme illégale au regard du droit international, au même titre que les autres armes de destruction massive, biologiques et chimiques, respectivement interdites en 1972 et en 1993...

Faut-il arrêter de vendre des armes à l’Arabie saoudite?

Se poser la question, c’est déjà y répondre tant les motifs pour suspendre les ventes d’armes au Royaume saoudien paraissent nombreux : bilan catastrophique en matière des droits de l’homme et répression violente de sa propre population ; des violations répétées du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme au Yémen ; financement et propagation d’une vision ultra-rigoriste de l’Islam ; et un soutien matériel et financier à des groupes armés non étatiques en Syrie et en Libye. Avec un tel tableau, il serait légitime de s’attendre à ce que le pays fasse l’objet de sanctions internationales sévères et soit confiné à la marge du système international...

Commerce des armes: un traité, mais à quand des transferts responsables?

Du 11 au 15 septembre 2017, Genève accueille la troisième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA. Dans la salle principale, des banderoles rappellent aux participants que le TCA est là pour promouvoir des transferts internationaux d’armes qui sont responsables. Du 11 au 15 septembre 2017, Genève accueille la troisième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA). Dans la salle principale, des banderoles rappellent aux participants que le TCA est là pour promouvoir des transferts internationaux d’armes qui sont responsables...

Le remplacement des F-16 belges en dix points-clés

Ce 7 septembre 2017, les trois agences gouvernementales encore en compétition pour le remplacement des F-16 de la Composante air doivent remettre leurs propositions et réponses au cahier des charges émis par le gouvernement belge en mars dernier. Cet éclairage revient sur quelques questions importantes soulevées par cette première partie du processus de remplacement.

1. Quelques chiffres

La Belgique avait commandé un total de 160 F-16 en deux vagues d’achat (116 en 1975 et 44 en 1984). La fin de la Guerre froide et l’engagement des F-16 belges dans des missions expéditionnaires exigeantes ont poussé à réduire la flotte autour d’un petit nombre d’appareils modernisés. La Belgique en possède actuellement 54. Ces appareils ont été construits pour une durée de vie de 8 000 heures de vol, qui sera atteinte entre 2023 et 2028. Ces appareils seront progressivement remplacés par 34 nouveaux avions de combat avec une capacité pleinement opérationnelle prévue pour 2030...

 

Corée du Nord : Quelles options pour une nouvelle détente ?

Une fois n’est pas coutume, c’est par tweets interposés que le président américain Donald Trump semble vouloir résoudre la crise nord-coréenne. Le 8 août, il a promis au régime de Pyongyang « feu et colère » si ce dernier s’entêtait dans son programme balistique et nucléaire. La Corée du Nord a répondu en menaçant, avec une précision aussi inattendue qu’inquiétante, d’attaquer l’île de Guam, un territoire non incorporé des États-Unis dans le Pacifique. Le 11 août, Donald Trump se fendait d’un nouveau tweet avertissant Kim Jong-un que, s’il persistait dans ses mauvais choix, des solutions militaires étaient préparées, « locked and loaded »...

 

L'Angola entre continuité et incertitudes : les rêves suspendus d’une jeunesse en rupture

Cette dernière décennie, l’Angola s’est affirmée comme une puissance montante d’Afrique australe, affichant des taux de croissance économique parmi les plus élevés du monde. Cette montée en puissance, favorisée notamment par la fin d’une guerre civile longue de 27 années et par la demande exponentielle en ressources minières et pétrolières, s’accompagne cependant d’un contexte socio-économique fragile. La persistance des inégalités sociales, de pratiques autoritaires dans l’exercice du pouvoir, la concentration des richesses entre les mains de 5 % de la population, ainsi que les entraves à la liberté d’expression, sont à l’origine d’une contestation sociale balbutiante, portée depuis 2011 par une frange de la jeunesse urbaine en cours de mobilisation. Aussi, les élections générales angolaises du 23 août 2017, représentent à plus d’un titre un tournant historique, depuis les premières élections multipartites tenues en 1992...

Crédit photo : Nouveau siège de l'Assemblée nationale à Luanda, inauguré en 2015 (crédit : David Stanley  - avril 2015)
 
 

Les transferts d’armements de la région wallonne en 2016: synthèse du rapport annuel

Chaque année, le Gouvernement wallon doit soumettre à la sous-commission de contrôle des licences d'armes du Parlement wallon un rapport contenant les données relatives aux exportations, aux importations et aux transits d’armes civiles et de produits liés à la défense de, vers et par la Région wallonne[1]. Une fois le rapport soumis au Parlement, celui-ci est rendu public et accessible en ligne sur le site du Gouvernement wallon[2]. Le rapport relatif aux exportations de l’année 2016 a fuité dans la presse avant d’avoir été présenté au Parlement[3].

L’année 2016 est marquée par une baisse importante de la valeur des licences d’exportations d’armes octroyées par la Région wallonne, 453 millions d’euros, soit le montant le plus bas depuis 2005. En dix ans, la Région wallonne a autorisé pour plus de sept milliards d’euros d’exportations d’armements[4]. Les chiffres de ces dernières années confirment la place prépondérante du Moyen-Orient dans les exportations wallonnes ainsi qu’une forte dépendance des entreprises wallonnes envers des pays tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Pakistan. Les exportations vers des partenaires historiques comme les États-Unis, et dans une moindre mesure la France, sont quant à elles en forte baisse.

Rapports de la Région wallonne sur les exportations d’armes : Incomplets, trop rares et trop tardifs

Chaque année, le Gouvernement wallon doit soumettre un rapport à la sous-commission de contrôle des licences d'armes du Parlement wallon. Celui-ci contient les données relatives aux exportations, aux importations et aux transits d’armes civiles et de produits liés à la défense de, vers et par la Région wallonne. Une fois le rapport soumis au Parlement, il est rendu public et accessible en ligne sur le site du gouvernement wallon[1]. Le rapport relatif aux exportations de l’année 2016 a fuité dans la presse avant d’avoir été présenté au Parlement[2] (pour une analyse du rapport consulter l’Éclairage « Les transferts d’armements de la région wallonne en 2016 : synthèse du rapport annuel »). Si les rapports annuels de la Région wallonne contiennent des informations utiles, plusieurs améliorations sont nécessaires en matière de périodicité, de contenu et de lisibilité.

Kasaï: une rébellion de trop pour le pouvoir de la RDC?

Depuis août 2016, les miliciens du « Kamuina Nsapu » affrontent la Police nationale congolaise (PNC) et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au Kasaï, dans le centre du pays. Amorcée par un différend administratif entre les autorités provinciales et un chef coutumier local, la crise s’est muée en un mouvement de révolte de plus grande envergure, remettant en cause la légitimité des autorités de Kinshasa. Localisée au départ dans les provinces du Kasaï et du Kasaï-Central, la révolte s’est ensuite étendue aux cinq provinces du grand Kasaï, entrainant d’importantes conséquences humanitaires. De nombreux témoignages font en effet état de graves violations des droits de l’homme : 42 fosses communes ont été découvertes. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dénombre plus d’un million de déplacés internes, et plus de 30 000 réfugiés ont fui vers l’Angola où 300 à 500 Congolais arrivent désormais quotidiennement...

La crise diplomatique au Conseil de coopération du Golfe : la brutalité d’une rupture soudaine

Le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis (EAU), le Yémen, les Maldives et le gouvernement libyen siégeant à Tobrouk rompent brusquement leurs relations diplomatiques avec le Qatar, provoquant une crise politique avant tout centrée sur la région du Golfe, marquée ces dernières années par la rivalité entre Doha et Riyad. Cette rupture est rapidement justifiée par les officiels saoudiens, émiratis ou bahreïnis qui affirment que le Qatar soutient des groupes terroristes tout en maintenant une attitude jugée trop favorable à l’Iran. Un véritable blocus diplomatique et matériel est organisé autour du Qatar, faisant écho, de manière beaucoup plus intense, au rappel des ambassadeurs décidé par plusieurs voisins du Qatar en mars 2014. Dans quel contexte des relations entre pays du Golfe survient cette rupture et quel message semble-t-elle porter ?

Rapport de forces au Conseil de coopération du Golfe : les enjeux d’une sortie de crise

Le 23 juin 2017, l’Arabie saoudite posait au gouvernement qatari, par le biais du Koweït, treize conditions à la reprise des relations diplomatiques entre Doha et un bloc de pays mené par Riyad[1]. Ces conditions, ajoute le document révélé par la presse, doivent être satisfaites sous dix jours. Elles sont extrêmement lourdes : rupture des relations diplomatiques avec l’Iran, cessation de tout soutien aux organisations et individus considérés comme terroristes par le bloc saoudien, et remise de ces derniers aux États qui les recherchent, compensations financières aux États ayant subi préjudice de ces organisations « terroristes » et imposition d’un contrôle sur Doha pour évaluer le respect de la mise en œuvre de ces demandes.

Les trafics d’armes en situation post-conflit, au cœur d’un séminaire du GRIP et de l’IRIS

La synthèse et le compte-rendu du séminaire sont publiés. Cliquez ici pour y accéder.

Les armes et les dégâts qu’elles causent sont généralement associés aux conflits. Ceux-ci sont en effet alimentés en grande partie par les trafics et les détournements d’armes (illégaux mais prenant racine dans la sphère légale), sans oublier les transferts légaux et autorisés mais irresponsables.

"Avec ou sans vous!" La Chine a-t-elle réellement les clés de la crise nord-coréenne?

"La Corée du Nord cherche des ennuis. Si la Chine décide d’aider, ce serait super. Sinon, nous allons résoudre le problème sans eux ! U.S.A." Par ce nouveau tweet incendiaire dont il s’est fendu le 11 avril, le président américain Donald Trump décidait d’enfoncer le clou.  Plusieurs jours auparavant, il avait en effet déclaré au journal Financial Times « si la Chine ne résout pas [le problème de] la Corée du Nord, nous le ferons »[1].

Les États-Unis prévoiraient-ils des frappes contre la Corée du Nord, comme ils l’ont fait en Syrie ? En ordonnant au porte-avion Carl Vinson de retourner croiser à proximité de la péninsule coréenne, l’administration américaine semblait décidée à faire pression sur Pékin.

Reste qu’une question centrale dans cette crise nord-coréenne, et dans le tour nouveau qu’elle semble prendre sous l’impulsion de l’administration Trump, est largement mésestimée : quelle est l’influence réelle de Pékin sur Pyongyang ? La Chine peut-elle assumer le rôle que Washington lui donne ?

La Convention de Kinshasa sur les armes légères entre en vigueur : et après ?

L’utilisation des armes légères et de petit calibre (ALPC) est omniprésente dans l’ensemble des conflits armés actuels en Afrique, alimentant la violence, entravant la sécurité humaine et le développement. Relativement faciles à se procurer, très meurtrières et aisément dissimulables pour échapper aux contrôles, on compterait quelque 100 millions d’ALPC en Afrique et la lutte contre leur prolifération est donc devenue un enjeu majeur pour le continent.

La coopération structurée permanente : opportunité et embûches pour la défense européenne

Le Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ont semé la confusion au sein de la communauté internationale, mais pour ce qui concerne la défense européenne, ces deux évènements sont en réalité clarificateurs. Ils démontrent, premièrement, que l’UE doit renforcer son autonomie stratégique en développant sa politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et, deuxièmement, que cela ne pouvait se faire avec le Royaume-Uni à bord.

Pages