Les Belges au Rwanda
Commission Rwanda: quels enseignements?
Avril 1994: le Rwanda sombre dans l'horreur. Ce drame, qui a surpris par son ampleur, était prévisible. Depuis des mois, les signes alarmants se multipliaient. Cela n'a pas empêché la Belgique de s'embarquer, à l'automne 1993, dans une mission de maintien de la paix. Une mission facile et sans problèmes, une opération "Club Med", pensaient certains. La réalité sera tout autre, avec en fin de parcours dix paras assassinés. Et un génocide qui fera entre 500000 et un millions de morts.
Une commission d'enquête du Sénat, instaurée début 1997, devait apporter toute la lumière sur cette intervention ratée. De ses travaux, il ressort que la mission belge n'a été qu'une suite de bévues, tant sur le plan politique, diplomatique que militaire.
Collaborateur à cette commission Rwanda, Jean-Claude Willame décrit dans cet ouvrage - rédigé sous forme d'un récit émaillé de témoigneges - l'enchainement des erreurs et des drames tout en les situant dans leut contexte. La question des responsables est clairement posée et l'auteur n'hésite pas à les identifier: à New York, le Conseil de Sécurité des nations Unies et son Secrétaire général; du côté belge, les principaux décideurs politiques et diplomatiques en charge du dossier rwandais de même que le commandement militaire. De toutes les fautes commises, le retrait hâtif décidé après la mort des dix paras reste sans doute la bavure politique la plus grave. Car le contigent belge de la MINUAR aurait pu arrêter le génocide...
Un ouvrage accablant qui égratigne tous azimuts, bien au-delà des frontières de la Belgique! Mais qui se veut aussi un outil de réflexion pour que pareil désastre ne se reproduise plus.
Jean Claude Willame, collaborateur à la commission Rwanda, est professeur à l'Université catholique de Louvain-la-Neuve (UCL); spécialiste de l'Afrique centrale, il a notamment publié L'ONU au Rwanda (Labor, 1996), et Aux sources de l'hécatombe rwandaise (Institut africain - CEDAF, L'Harmattan, 1995).