Cuba – Réformer la révolution

"L’Église est favorable à une transformation pacifique et modérée, qui passe et doit passer par Fidel Castro. Toute autre hypothèse serait incertaine, dangereuse, sanglante et traumatique pour la société. "Provenant d’un haut dignitaire de l’Église catholique cubaine, cette prise de position reflète un double sentiment quasi général à Cuba: la confusion entre le lider máximo et la Révolution; le refus de retourner au capitalisme sauvage.

Pourtant, la crise persiste et détruit le tissu social. La santé et l’éducation – fleurons de la Révolution – restent gratuites mais, faute de moyens et de motivations, ne fonctionnent plus guère. Le rationnement strict reste la règle. Pire: là où les anticastristes et la CIA ont échoué, le dollar, lui, réussit. Il a envahi l’île. Désormais, la chasse aux billets verts, indispensables à la survie, débouche sur toutes les dérives: marché noir, prostitution, drogue, corruption…  
  
Et sur le plan politique? Cuba, qui n’a rien d’une dictature sanglante, connaît un profond déficit démocratique. La répression n’a toutefois pas empêché, ces dernières années, l’émergence d’une société civile autonome, bien qu’interdite: organisations de défense des droits de l’homme, Églises, coopératives, bibliothèques privées, embryons de presse et de syndicats indépendants…

C’est avant tout à ces nouveaux acteurs de la société civile cubaine que s’intéresse le présent ouvrage. Toute transition respectueuse de la justice sociale passe en effet par ces contre-pouvoirs. Dans une deuxième partie, l’auteur porte un regard critique sur les exilés de Miami, les relations Europe-Cuba et l’embargo américain. Et de conclure qu’en isolant La Havane, Washington complique la tâche de ceux qui luttent réellement pour la démocratie.

André Linard est journaliste indépendant (Agence Info Sud Belgique); spécialiste de l’Amérique latine, il a notamment publié Amérique centrale – Les frustrations de la paix (GRIP, 1996) et dirigé le dossier Cuba de la revue Vivant Univers (1996).